BANQUE DE DEVOIRS

 

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TEXTE 1
Quand on veut voyager

Je ne conçois qu'une manière de voyager plus agréable que d'aller à cheval, c'est d'aller à pied. On part à son moment, on s'arrête à sa volonté, on fait tant et si peu d'exercice qu'on veut.On observe tout le pays ; on se détourne à droite, à gauche ; on examine tout ce qui nous flatte ; on s'arrête à tous les points de vue. Aperçois-je une rivière, je la côtoie ; un bois touffu, je vais sous son ombre ; une grotte, je la visite ; une carrière, j'examine les minéraux. Partout où je me plais, j'y reste. A l'instant que je m'ennuie, je m'en vais. Je ne dépends ni des chevaux ni du postillon. Je n'ai pas besoin de choisir des chemins tout faits, des routes commodes ; je passe partout où un homme peut passer ; je vois tout ce qu'un homme peut voir ; et, ne dépendant que de moi-même, je jouis de toute la liberté dont un homme peut jouir
J'ai peine à comprendre comment un philosophe peut se résoudre à voyager autrement,et s'arracher à l'examen des richesses qu'il foule aux pieds et que la terre prodigue à sa vue. Qui est-ce qui, aimant un peu l'agriculture, ne veut pas connaître les productions particulières aux climats des lieux qu'il traverse, et la manière de les cultiver ? Qui est-ce qui, ayant un peu de goût pour l'histoire naturelle, peut se résoudre à passer un terrain sans l'examinner, un rocher sans l'écorner,des montagnes sans herboriser, des cailloux sans chercher des fossiles ?
Combien de plaisirs différents on rasemble par cette agréable manière devoyager ! sans compter la santé qui s'affermit, l'humeur qui s'égaie. J'ai toujours vu ceux qui voyagraient dans de bonnes voitures bien douces, rêveurs, tristes, grondants, ou souffrants et les piétons toujours gais, légers et contents de tout. Combien le coeur rit quand on approche du gîte! combien un repas grossier paraît savoureux ! avec quel plaisir on se repose à table ! Quel bon sommeil on fait dans un mauvais lit ! Quand on ne veut qu'arriver, on prut courir en chaise de poste mais quand on veut voyager, il faut aller à pied.

Jean-Jacques Rousseau, Emile ou de l'Education (1762)


QUESTIONS :

1. Quels sont, selon Jean-Jacques Rousseau, les avantages du voyage à pied ?


Réponse

2. Jean-Jacques Rousseau est pour le voyage à pied.
A quels procédés d'écriture a-t-il recours pour convaincre le lecteur de son point de vue ?
Justifiez votre réponse par des exemples du texte.


Réponse

3. Vocabulaire :
Quel est le sens des mots : «flatte» et «rit» dans chacune de ces phrases ?

 

Réponse