LE
CHANT DE L'OISEAU DANS LES BOIS Au
cours d'une promenade dans le parc de Montboissier en juillet 1817, le chant d'une grive
exerce sur l'auteur "un pouvoir magique".
Hier au soir je me promenais seul; le ciel
ressemblait à un ciel d'automne; un vent froid soufflait par intervalles. A la percée
d'un fourré, je m'arrêtai pour regarder le soleil : il s'enfonçait dans des nuages
au-dessus de la tour d'Alluye, d'où Gabrielle habitante de cette tour, avait vu comme moi
le soleil se coucher il y a deux cents ans . Que sont devenus Henri et Gabrielle? Ce que
je serai devenu quand ces Mémoires seront publiés.
Je fus tiré de mes réflexions par le gazouillement d'une grive perchée sur la plus
haute branche d'un bouleau. A l'instant, ce son magique fit reparaître à mes yeux le
domaine paternel; j'oubliai les catastrophes dont je venais d'être le témoin et,
transporté subitement dans le passé, je revis ces campagnes où j'entendis souvent
siffler la grive. Quand je l'écoutais alors, j'étais triste de même qu'aujourd'hui;
mais cette première tristesse était celle qui naît d'un désir vague de bonheur
lorsqu'on est sans expérience ; la tristesse que j'éprouve actuellement vient de la
connaissance des choses appréciées et jugées. Le chant de l'oiseau dans les bois de
Combourg m'entretenait d'une félicité que je croyais atteindre; le même chant dans le
parc de Montboissier me rappelait des jours perdus à la poursuite de cette félicité
insaisissable.je n'ai plus rien à apprendre, j'ai marché plus vite qu'un autre, et j'ai
fait le tour de la vie. Les heures fuient et m'entraînent; je n'ai pas même la certitude
de pouvoir achever ces Mémoires. Dans combien de lieux ai-je déjà commencé à les
écrire, et dans quel lieu les finirai-je? Combien de temps me promènerai-je au bord des
bois? Mettons à profit le peu d'instants qui me restent; hâtons-nous de peindre ma
jeunesse, tandis que j'y touche encore: le navigateur, abandonnant pour jamais un rivage
enchanté, écrit son journal à la vue de la terre qui s'éloigne et qui va bientôt
disparaître.
François-René de CHATEAUBRIAND, Mémoires
d'Outre-Tombe, 1841
LES QUESTIONS:
A. THEMES DU TEXTE:
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THEMES
DU TEXTE:
* Les traits de caractère de ce personnage:
La solitude |
- Je me promenais seul |
Amour de la nature |
- Je m'arrêtai pour regarder le
soleil / un rivage enchanté |
Attaché au passé |
- Transporté subitement dans le
passé |
Malheureux |
- J'étais triste / la tristesse que
j'éprouve |
Un certain désespoir |
- Je n'ai pas même la certitude de
pouvoir achever ces mémoires |
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B. TYPE DE TEXTE:
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TYPE
DE TEXTE:
- Passage narratif: «Hier...insaisissable»
Indications de lieu |
- fourré / bois |
Indications de temps |
- hier / à l'instant |
Nombreux verbes |
- m'arrêtai / fus tiré |
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C. TON DU TEXTE:
Ton lyrique / Procédés d'écriture: |
a. Moyens
lexicaux:
> les sentiments |
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b. Moyens
lexicaux:
> la nature |
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c. Moyens
grammaticaux:
> prédominance du moi |
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d. Moyens
stylistiques:
> nombreuses images poétiques:
- personnification
- hyperbole |
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e. Moyens
phonétiques:
> une certaine musicalité |
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TON
DU TEXTE:
Ton lyrique / Procédés d'écriture:
Moyens lexicaux |
les sentiments |
- triste / tristesse / solitude |
Moyens lexicaux |
la nature |
- soleil / ciel / fourré |
Moyens grammaticaux |
prédominance du moi |
- je / me / moi |
Moyens stylistiques |
nombreuses images poétiques:
- personnification
- hyperbole |
.
- les heures fuient
- son magique |
Moyens phonétiques |
une certaine musicalité |
- le chant... ce chant .../ combien...
combien... |
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