Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de madame de Rênal eut d’abord l’idée que ce pouvait une personne qui venait demander quelque grâce (1). Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette.
Madame de Rênal s’approcha. Julien, tourné vers la porte, ne la voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
- Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de madame de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia même ce qu’il venait faire. Madame de Rênal avait répété sa question.
- Je viens pour être précepteur (2), madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux.
Madame de Rênal resta interdite ; ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Madame de Rênal regardait les grosses larmes qui s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire avec toute la gaieté folle d’une jeune fille.
Stendhal , Le Rouge et le Noir
* Vocabulaire : 1. grâce : faveur / 2. Précepteur : personne chargée de l’éducation d’un enfant.
LES QUESTIONS:
| 1. Quels sont les traits de caractère
de Julien ? |
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2. Etudiez l’évolution de l’attitude de madame de Rênal vis-à-vis de Julien. |
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3. Relevez et étudiez deux moyens stylistiques auxquels a recours l’auteur dans sa description des personnages de ce texte. |
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