EMMA BOVARY Déçue par sa vie conjugale avec Charles, Emma Bovary
cherche à réaliser ses rêves avec Rodolphe, son amant, qu'elle tente de persuader de
s'enfuir, avec elle. Allongée auprès de son mari endormi, elle est ailleurs.
Emma ne dormait pas, elle faisait semblant d'être
endormie; et, tandis qu'il s'assoupissait à ses côtés, elle se réveillait en d'autres
rêves.
Au galop de quatre chevaux, elle était emportée depuis huit jours vers un pays nouveau,
d'où ils ne reviendraient plus.Ils allaient, ils allaient, les bras enlacés, sans
parler. Souvent, du haut d'une montagne, ils apercevaient tout à coup quelque cité
splendide avec des dômes, des ponts, des navires, des forêts de citronniers et des
cathédrales de marbre blanc, dont les clochers aigus portaient des nids de cigognes. On
marchait au pas, à cause des grandes marchait au pas, à cause des grandes dalles, et il
y avait par terre des bouquets de fleurs que vous offraient des femmes habillées en
corset rouge. On entendait sonner des cloches, hennir les mulets, avec le murmure des
guitares et le bruit des fontaines, dont la vapeur s'envolant rafraîchissait des tas de
fruits, disposés en pyramides au pied des statues pâles, qui souriaient sous les jets
d'eau. Et puis ils arrivaient, un soir, dans un village de pêcheurs, où des filets bruns
séchaient au vent, le long de la falaise et des cabanes. C'est là qu'ils s'arrêteraient
pour vivre : ils habiteraient une maison basse, à toit plat, ombragée d'un palmier, au
fond d'un golfe, au bord de la mer. Ils se promèneraient en gondole, ils se balanceraient
en hamac; et leur existence serait facile et large comme leurs vêtements de soie, toute
chaude et étoilée comme les nuits douces qu'ils contempleraient. Cependant, sur
l'immensité de cet avenir qu'elle se faisait apparaître, rien de particulier ne
surgissait; les jours, tous magnifiques, se ressemblaient comme des flots; et cela se
balançait à l'horizon, infini, harmonieux, bleuâtre et couvert de soleil.l Mais
l'enfant se mettait à tousser dans son berceau, ou bien Bovary ronflait plus fort, et
Emma ne s'endormait que le matin, quand l'aube blanchissait les carreaux et que déjà le
petit Justin, sur la place, ouvrait les auvents de la pharmacie.
Gustave FLAUBERT, Madame Bovary,
1857
LES QUESTIONS:
A. LA STRUCTURE DU
TEXTE:
|
|
|
LA STRUCTURE DU TEXTE:
1 - 2 |
- La réalité |
3 - 20 |
- Les rêves d'Emma |
20 - 22 |
- Retour à la réalité |
|
|
|
|
B. LE NIVEAU THEMATIQUE:
1. Caractéristiques des rêves d'Emma:
|
|
|
CARACTERISTIQUES
DES REVES D'EMMA:
Recherche d'un ailleurs |
- pays nouveau / guitares / palmiers /
gondole |
Le luxe |
- marbre blanc / vêtements de soie |
La beauté |
- cité splendide / statues |
Joie / Bonheur |
- souriaient / jours magnifiques |
Les loisirs |
- se promèneraient / se balanceraient |
|
|
|
|
2. Caractéristiques
de la réalité d'Emma:
|
|
|
CARACTERISTIQUES DE LA REALITE D'EMMA:
L'insomnie |
- ne s'endormait que le matin |
La rêverie |
- d'autres rêves |
Responsabilité de mère |
- l'enfant se mettait à tousser |
Responsabilité d'épouse |
- son mari s'assoupissait |
Réalité banale |
- ronflait / tousser |
|
|
|
|
C. TON DOMINANT DU TEXTE ( ligne 3
- couvert de soleil ):
* TON EUPHORIQUE / Procédés
d'écriture / Intention de l'auteur:
|
|
|
TON DOMINANT DU TEXTE ( 3 - 20 ):
TON EUPHORIQUE / Procédés d'écriture:
PROCEDES D'ECRITURE |
EXEMPLE DU TEXTE |
INTENTION DE L'AUTEUR |
Répétitions |
- ils
allaient, allaient |
Insister sur
le prolongement du bonheur |
Accumulation |
- l'horizon
infini, harmonieux, bleuâtre |
Insister sur
l'optimisme d'Emma |
Comparaison |
- leur
existence serait facile comme des vêtements de soie |
Confort /
luxe / douceur |
Lexique
mélioratif |
- nouveau /
splendide / magnifiques |
Joie et
bonheur |
|
|
|
|
|