BANQUE DE
DEVOIRS
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La
conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le
monde y défilaient, dans leur costume ordinaire, sans exciter démotion, de rire ou
de rêverie. Il navait jamais été curieux pendant quil habitait à Rouen,
daller voir au théâtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des
armes, ni tirer le pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme
déquitation quelle avait rencontré dans un roman. Un homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaître, exceller en des activités multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à tous les mystères ? Mais il nenseignait rien, celui-là, ne savait rien, ne souhaitait rien. Il la croyait heureuse ; et elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette pesanteur sereine, du bonheur même quelle lui donnait. Elle dessinait quelquefois ; et cétait pour Charles un grand amusement que de rester là, tout debout, à regarder penchée sur son carton, clignant des yeux, afin de mieux voir son ouvrage, ou arrondissant, sur son pouce, des boulettes de mie de pain. Quant au piano, plus les doigts y couraient vite, plus il sémerveillait. Elle frappait sur les touches avec aplomb, et parcourait du haut en bas tout le clavier sans sinterrompre. Ainsi secoué par elle, le vieil instrument, dont les cordes frisaient, sentendait jusquau bout du village si la fenêtre était ouverte.
LES QUESTIONS:
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