BANQUE DE DEVOIRS

 

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Lalla aime venir ici, sur le plateau de pierre blanche, pour entendre ces paroles secrètes. Elle aime ce lieu, la chaleur des pays de dunes et de sable, des terres sans arbres et sans eau.
Alors apparaissent des choses belles et mystérieuses ! Des choses qu’elle n’a jamais vues ailleurs, qui la troublent et l’inquiètent. Elle voit l’étendue de sable d’or et de soufre, immense, pareille à la mer, aux grandes vagues immobiles. Sur cette étendue de sable, il n’y a pas un arbre, pas une herbe, rien que les ombres des dunes qui s’allongent, qui se touchent. Ici, tout est semblable, et c’est comme si elle était à la fois ici, puis plus loin, là où son regard se pose au hasard, puis ailleurs encore, tout près de la limite entre la terre et le ciel. Les dunes bougent sous son regard, lentement, écartant leurs doigts de sable. Il y a des ruisseaux d’or qui coulent sur place, au fond des vallées torrides. La lumière rutile et ruisselle de toutes parts, la lumière qui naît de tous les côtés à la fois, la lumière de la terre, du ciel et du soleil. Tout cela était étrange et lointain. L'alla voit devant elle le grand désert où resplendit la lumière. Elle sent sur sa peau le souffle du vent du sud. Elle sent sous ses pieds le sable brûlant des dunes. Alors, pendant longtemps, elle cesse d’être elle-même ; elle devient quelqu’un d’autre. Elle voit la forme d’une ville, un palais de pierre et d’argile, des remparts de boue d’où sortent des troupes de guerriers. Elle entend le bruit des voix des hommes, les chants des femmes. Puis, d’un seul coup, comme dans un souffle de vent, tout cela s’en va !
L'alla retourne en arrière. Elle redescend vers le lit du torrent, en faisant attention aux pierres coupantes et aux buissons d’épines. Quand elle arrive en bas, elle est très fatiguée par toute cette lumière, par le vide du vent qui ne cesse jamais. Lentement, elle marche sur les chemins de sable. Elle va jusqu’à l’eau de la fontaine et elle baigne son visage et ses mains, à genoux par terre, comme si elle revenait d’un long voyage.

LE CLEZIO, Désert (1980)


LES QUESTIONS:

1. Etudiez les caractéristiques descriptives de ce texte.
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2. Etudiez les caractéristiques narratives de ce texte.

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3. A votre avis, quel est le ton de ce texte ? Justifiez votre réponse.

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