| Peuples ! écoutez le poète ! |
| Ecoutez le rêveur sacré ! |
| Dans votre nuit, sans lui
complète, |
| Lui seul a le front éclairé. |
| Des temps futurs perçant les
ombres, |
| Lui seul distingue en leurs flancs
sombres |
| Le germe qui n'est pas éclos. |
| Homme, il est doux comme une
femme. |
| Dieu parle à voix basse à son
âme |
| Comme aux forêts et comme aux
flots. |
| C'est lui qui, malgré les
épines, |
| L'envie et la dérision, |
| Marche, courbé dans vos ruines, |
| Ramassant la tradition. |
| De la terre féconde |
| Sort tout ce qui couvre le monde, |
| Tout ce que le ciel peut bénir. |
| Toute idée, humaine ou divine, |
| Qui prend le passé pour racine |
| A pour feuillage l'avenir. |
| Il rayonne ! il jette sa flamme |
| Sur l'éternelle vérité ! |
| Il la fait resplendir pour l'âme |
| D'une merveilleuse clarté. |
| Il inonde de sa lumière |
| Ville ou désert, L'ouvre et
chaumière, |
| Et les plaines et les hauteurs ; |
| A tous d'en haut il la dévoile ; |
| Car la poésie est l'étoile |
| Qui mène à Dieu rois et pasteurs
? |