BANQUE DE DEVOIRS

 

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Le monde balance entre l'indifférence et l'intolérance. La sympathie est comme morte.
L'indifférence est grave. Dans les villes, dans les sociétés occidentales, partout où les communautés élémentaires ont disparu ou se sont affadies, chacun est seul et plus personne ne communique. Un mal ronge non les êtres, mais leur relations réciproques.
Nous ne nous écoutons plus; nous ne nous voyons plus. Existons-nous aux yeux des autres et ceux-ci existent-ils pour nous? Rencontres de hasard sur fond d'égocentrisme. Vibrations douleureuses d'une voix sans écho.
On parle peu de ce mal, que les médias amplifient de leur intarissable monologue, de leur impérieux et vain discours-spectacle. Et pourtant il est destructeur : solitude dans la foule, solitude chez soi, solitude face au monde, solitude face à rien, puisque le sacré lui-même nous échappe, faute de ne plus nous envahir.
Mais il y a aussi plus grave. Et c'est l'intolérance. Elle n'est pas refus de la solidarité avec l'autre, elle est refus de l'autre pour ce qu'il, ce qu'il fait, ce qu'il pense et bientôt, refus de l'autre parce qu'il est !
L'intolérance n'est sans doute pas plus répandue qu'elle ne l'était jadis - au contraire même. Elle marque depuis toujours l'histoire de l'espèce. Elle s'apparente peut-être à cet instinct de possession et de sécurité qui pousse l'animal à défendre son territoire contre toute intrusion.
Allant au-dalà de l'esprit de conquête qui s'en prend aux biens, elle conduit à la domination, à l'extermination, car dès lors qu'il existe, l'autre représente un danger. Elle refuse l'existence à celui qui ne partage pas la même croyance.
L'intolérance, c'est le refus de la différence, c'est la quête sanglante de l'uniformité, le refus de toute autonomie, de toute diversité. C'est le refus de l'échange parce qu'il désarme la haine, le refus de la cohabitation parce qu'elle les différences. C'est la mort.
C'est la mort de la Pensée au nom d'une pensée, qu'elle soir révélée ou construite. C'est le refus du doute, qui enrichit parce qu'il met en question, et de la découverte parce qu'elle ébranle l'édifice des certitudes. C'est la négation de l'originalité parce qu'elle refuse un modèle et le rejet de la démocratie car elle est liberté, débat et alternance. C'est la négation de la diversité, fût-elle silencieuse et discrète. Il suffit d'être différent pour mériter de périr par le glaive !
Parmi les intolérances, il y a le racisme. L'espèce est composée d'hommes et de femmes différents, mais tous humains à l'évidence, tous plantigrades et doués de la parole, tous capables de s'adapter et de construire. Et voilà que certains, nombreux, prétendent à nier la diversité qui est dans la nature, en prétextant qu'il existerait une race supérieure - la leur évidemment.
Qui nous enseignera l'infinie diversité des êtres dans l'évidente unité de l'espèce ?
C'est au nom de l'unité de l'espèce que j'accepte, que j'aime sa diversité. Et c'est au nom de la diversité des cultures, des héritages, des climats, des races, des croyances, des visions; des moeurs, queje suis en quête de l'unité sans laquelle il n'y aurait pas de sens.

Edgar PISANI, Le Courrier de l'UNESCO


LES QUESTIONS:

1. Quelle est la structure de ce texte ?
Réponse

2. D'après l'auteur, quelles sont les conséquences de l'indifférence ?

Réponse

3. Quelles sont les conséquences de l'intolérance ?

Réponse

4. Ce texte est de type argumentatif.
Quels sont les procédés d'écriture auxquels a recours l'auteur pour convaincre le lecteur ?

Réponse