BANQUE DE
DEVOIRS
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LA PROMENADE Précepteur dans une famille noble, Saint-Preux tombe
amoureux de son élève Julie. L"union entre les deux jeunes gens ne pourra se
réaliser à cause de la différence sociale qui les sépare. Julie obéit à son père et
épouse M. de Wolmar. Les deux amants se rencontrent après quatre années de séparation.
Après le souper, nous fûmes nous asseoir sur la
grève en attendant le moment du départ. Insensiblement la lune se leva, l'eau devint
plus calme, et Julie me proposa de partir. Je lui donnai la main pour entrer dans le
bateau; et, en m'asseyant à côté d'elle, je ne songeai plus à quitter sa main. Nous
gardions un profond silence. Le, bruit égal et mesuré des rames m'excitait à rêver. Le
chant assez gai des bécassines, me retraçant les plaisirs d'un autre âge, au lieu de
m'égayer, m'attristait. Peu à peu je sentis augmenter la mélancolie dont j'étais
accablé. Un ciel serein, les doux rayons de la lune, le frémissement argenté dont l'eau
brillait autour de nous, le concours des plus agréables sensations, la présence même de
cet objet chéri, rien ne put détourner de mon coeur mille réflexions douloureuses. E tanta fede, e si dolci memorie, ces foules de petits objets qui
m'offraient l'image de mon bonheur passé, tout revenait, pour augmenter ma misère
présente, prendre place en mon souvenir. C'en est fait, disais-je en moi-même; ces
temps, ces temps heureux ne sont plus; ils ont disparu pour jamais. Hélas! ils ne
reviendront plus-, et nous vivons, et nous sommes ensemble, et nos coeurs sont toujours
unis! Il me semblait que j'aurais porté plus patiemment sa mort ou son absence, et que
j'avais moins souffert tout le temps que j'avais passé loin d'elle. Quand je gémissais
dans l'éloignement, l'espoir de la revoir soulageait mon coeur; je me flattais qu'un
instant de sa présence effacerait toutes mes peines; j'envisageais au moins dans les
possibles un état moins cruel que le mien. Mais se trouver auprès d'elle, mais la voir,
la toucher, lui parier, l'aimer, l'adorer, et, presque en la possédant encore, la sentir
perdue à jamais pour moi; voilà ce qui me jetait dans des accès de fureur et de rage
qui m'agitèrent par degrés jusqu'au désespoir. Bientôt je commençai de rouler dans
mon esprit des projets funestes, et, dans un transport dont je frémis en y pensant, je
fus violemment tenté de la précipiter avec moi dans les flots, et d'y finir dans ses
bras ma vie et mes longs tourments. Cette horrible tentation devint à la fin si forte,
que je fus obligé de quitter brusquement sa main pour passer à la pointe du bateau.
LES QUESTIONS:
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