BANQUE DE
DEVOIRS
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Grâce à l'exorbitance (1) de mes années, mon
monument (2) est achevé. Ce m'est un grand soulagement; je sentais quelqu'un qui me
poussait; le patron de la barque sur laquelle ma place est retenue m'avertissait qu'il ne
me restait qu'un moment pour monter à bord. Des orages nouveaux se formeront; on croit pressentir des calamités (3) qui l'emporteront sur les afflictions (4) dont nous avons été comblés; déjà, pour retourner au champ de bataille, on songe à rebander ses vieilles blessures . Cependant je ne pense pas que des malheurs prochains éclatent: peuples et rois sont également recrus (5) ; des catastrophes imprévues ne fondront pas sur la France: ce qui me suivra ne sera que l'effet de la transformation générale. On touchera sans doute à des stations pénibles; le monde ne saurait changer de face (et il faut qu'il change) sans qu'il y ait douleur. Mais, encore un coup, ce ne seront point des révolutions à part; ce sera la grande révolution allant à son terme. Les scènes de demain ne me regardent plus; elles appellent d'autres peintres. à vous, messieurs. En traçant ces derniers mots, ce 16 novembre 1841, ma fenêtre, qui donne à l'ouest sur les jardins des Missions étrangères est ouverte: il est six heures du matin; j'aperçois la lune pâle et élargie; elle s'abaisse sur la flèche des Invalides à peine révélée par le premier rayon doré de l'Orient: on dirait que l'ancien monde finit et que le nouveau commence. Je vois les reflets d'une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil. Il ne me reste qu'à m'asseoir au bord de ma fosse, après quoi je descendrai hardiment [ ] dans l'Eternité.
* Vocabulaire : LES QUESTIONS:
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