BANQUE DE
DEVOIRS
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LECTURE La lecture-vice est propre aux êtres qui trouvent en elle une sorte d'opium et s'affranchissent du monde réel en plongeant dans un monde imaginaire. Ceux-là ne peuvent rester une minute sans lire ; tout leur est bon ; ils ouvriront au hasard une encyclopédie et y liront un article sur la technique de l'aquarelle avec la même voracité qu'un texte sur les machines à feu. Laissés seuls dans une chambre, ils iront droit à la table où se trouvent des revues, des journaux et attaqueront une colonne quelconque, en son milieu, plutôt que de se livrer un instant à leurs propres pensées. Ils ne cherchent dans la lecture ni des idées, ni des faits, mais ce défilé continu de mots qui leur masque le monde et leur âme. De ce qu'ils ont lu, ils retiennent peu de substantifique moelle;, entre les sources d'information, ils n'établissent aucune hiérarchie de valeurs. La lecture pratiquée par eux est toute passive: ils subissent les textes, ils ne les interprètent pas; ils ne leur font pas place dans leur esprit, ils ne les assimilent pas. La lecture-plaisir est déjà plus active. Lit pour son plaisir l'amateur de romans qui cherche dans les livres, soit des impressions de beauté, soit un réveil et une exaltation de ses propres sentiments, soit des aventures que lui refuse la vie. Lit pour son plaisir celui qui aime à retrouver dans les moralistes et les poètes, plus parfaitement exprimées, les observations qu'il a faites lui-même, ou les sensations qu'il a éprouvées. Lit pour son plaisir enfin celui qui, sans étudier telle période définie de l'histoire, se plaît à constater l'identité, au cours des siècles, des tourments humains. Cette lecture-plaisir est saine. Enfin, la lecture-travail est celle de l'homme qui, dans un livre, cherche telles connaissances définies, matériaux dont il a besoin pour étayer ou achever dans son esprit une construction dont il entrevoit les grandes lignes. La lecture-travail doit se faire, à moins que le lecteur ne possède une étonnante mémoire, plume ou crayon en main. Il est vain de lire si l'on se condamne à relire chaque fois que l'on souhaitera revenir au sujet. S'il m'est permis de citer mon exemple, lorsque je lis un livre d'histoire ou un livre sérieux quelconque, j'écris toujours à la première ou à la dernière page quelques mots qui indiquent les sujets essentiels traités, puis, en dessous de chacun de ces mots, les chiffres des pages qui renvoient aux passages que je désire pouvoir consulter, en cas de besoin, sans avoir à relire le livre entier.
LES QUESTIONS:
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